« Parfois le lâcher-prise est un acte plus puissant que se défendre et s’accrocher » Ekhart Tolle
Et j’ajouterais, plus courageux ! Comme il est difficile de décider de se poser un instant face à une problématique, s’en éloigner pour l’observer avec du recul pour envisager d’autres issues, cette fois, favorable.
Le cerveau humain est conditionné pour imaginer d’abord le pire face à une situation délicate, en activant une série de réponses neurobiologiques et hormonales qui nous permet de nous préparer au défi. C’est pourquoi les humains sont naturellement anxieux, du moins la plupart (contrairement aux animaux qui se défendent et sont en stress uniquement lorsque leur vie est en danger). Mais il en est des humains qui se font de la bile pour un oui ou pour un non, c’est presque un art de vie.
Anticiper les choses permettrait de mieux les affronter, mais se créer des problèmes imaginaires est une autre histoire. Mark Twain disait : « Dans la vie, j’ai eu beaucoup de problèmes, dont la plupart ne sont jamais arrivés ». Dans ce cas, comment faire pour différencier les problèmes issus de mon imaginaire, dont la probabilité de se réaliser est faible, voire inexistante, et l’anticipation intelligente pour faire face à de réels dangers ?
C’est une question qui me taraude depuis des années. Je serais née anxieuse et bileuse…
Est-ce vraiment ma personnalité qui est faite ainsi ou bien ai-je reproduit des scénarii anxieux familiaux qui m’ont forgé cette personnalité bileuse ?
Parce qu’à mon sens, ce n’est pas pareil. Si ce trait de caractère est inscrit dans mes gènes, il me suffit de l’accepter au même titre que la couleur de mes mirettes. Mais si depuis l’enfance, je n’ai fait que reproduire les comportements démesurés de troubles anxieux, voire de dépression de mon cercle familial, alors le changement est possible !
Chez moi, on envisageait le pire dans toutes les situations. Même celles où la logique aurait penché vers la réjouissance, il était quasi d’un devoir de loyauté familial de se tracasser et d’en rajouter des tonnes : «avec notre guigne bien connue… », « la chance c’est pour les autres »…« tu verras, les choses vont déraper », etc. J’ai baigné dans cette atmosphère peu sécurisante. Entourée de pleureuses qui feignent leur chagrin durant les enterrements, à la maison, on aimait se faire plaindre et en rajouter. Dans ma famille, on se fait du mauvais sang, du mouron. On voit le mal partout, comme si le mauvais œil nous guettait en permanence attendant une minute d’inattention pour s’infiltrer et nous envoyer des soucis à gogo. J’ai grandi avec l’idée (que dire la fausse croyance) qu’il fallait envisager le pire du pire pour conjurer le sort. Mais de quel sort parle-t-on ? Nous aurions dans cette famille, depuis des générations entières, de vilaines fées autour de nos berceaux, nous infligeant à vie la « bile attitude » : les maux d’estomac, de têtes et les insomnies... Mince, maintenant que j’y pense, cela résume bien mes bobos chroniques. Oui, mais non, je décide d’arrêter ce cercle infernal de tout voir en noir et prends la seconde option, celle de faire confiance à la vie et de me dire qu’à chaque situation difficile, il y a quelque chose de plus grand pour moi. Mais pour y accéder, il faut se délivrer de ces anciens comportements douloureux, et adopter le lâcher-prise dès que la situation nous échappe ou devient trop compliquée pour notre petite cervelle. Devinez quoi ? Depuis que j’adopte cette nouvelle façon de vivre, je me sens plus légère et plus alignée avec moi-même, et mes valeurs. Que ce soit au niveau professionnel, relationnel, ou familial, à chaque contrainte, je me dis que la solution est ailleurs, qu’il suffit d’attendre un peu et d’être attentif aux signes que l’univers nous envoie.
Comment ai-je fait? J’ai évidemment réalisé un travail sur moi-même durant de longs mois. On ne peut pas jeter à l’évier d’une traite des années de « Pavloveries ». Ce cheminement personnel s’est fait au travers de lectures, de podcasts, de vidéos et de conférences sur le thème du lâcher-prise et de la résilience.
Je me suis mise à la méditation et la relaxation profonde. Je ne les pratique que lorsque j’en ai besoin. Le net regorge de très bons supports gratuits, surtout ne vous en privez pas.
Peu à peu, le calme s’est installé en moi. Les premiers témoins ont été mes enfants et mon mari. Ils étaient surpris de mon self-control vis-à-vis de situations où ma sécurité financière était mise à mal par exemple. Les choses du quotidien qui généraient de la rumination comme la scolarité de mes enfants, un courrier indésirable, une critique d’un proche, un retard de rendez-vous… sont des choses qui me semblent plutôt insignifiantes maintenant. Je ne dirais pas que je suis devenue zen, mais je me sens plus détendue et plus clairvoyante qu’auparavant. J’ose écouter et suivre mon intuition, car j’ai appris que cette petite voix intérieure dit toujours la vérité. Il m’arrive toujours d’avoir des montées de stress, si un conducteur me fait une queue de poisson par exemple, je ne vous cache pas qu’il sera couronné de tous les noms d’oiseaux possibles, car je ne supporte toujours pas l’incivilité des gens. Ou bien si on m’annonce, comme ç’a été le cas, la leucémie de mon petit cousin de 4 ans. Je n'accepte pas l’injustice et le non-respect, mais que voulez-vous, je ne peux pas changer le monde, je peux juste me changer moi et m’adapter aux nouvelles situations, car des ressources , nous en avons à foison, il suffit de se faire un peu plus confiance et de cultiver ses potentiels.
Je reste « branchée » à mes émotions, en essayant, d’envisager les issues favorables aux situations, car les pensées ne sont jamais que des pensées, à nous et à nous seuls de prendre la responsabilité de les faire taire ou de les transformer. Cette démarche devient de plus en plus facile.
Et vous ?
Êtes-vous dans la catégorie des anxieux ou des résignés, deux extrêmes…? À quel moment de votre vie, le stress a pris le dessus alors qu’avec le recul, vous auriez pu maîtriser plus facilement la situation ? En avez-vous pris conscience ? Est-ce qu’anticiper le pire vous a été utile? Si une situation semblable se représentait, agiriez-vous différemment ?
Seriez-vous tenté de développer votre attitude au lâcher-prise ? N'hésitez pas à donner vos avis et partager vos expériences sur ce thème en commentaire.
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